Vivre avec ma différence au quotidien

Comme je le disais à Mireille Dumas (K7 sur Lourdes), je désire être chrétien et accepté dans l’Eglise, non pas à cause du virus mais avec toute ma personnalité, mon être tout entier, aussi bien mon engagement de chrétien que mon affectivité différente des autres.

Là où je suis, je dois être témoin de l’Amour de Jésus-christ et homosexuel ou hétérosexuel, cet amour est incarné. J’essaie donc de le vivre avec ma différence au quotidien. Ce n’est pas toujours évident. Ce qui m’a fait le plus mal, c’est qu’on vienne me demander d’être « discret » , de ne pas trop me « montrer » dans l’animation liturgique alors que, pour moi, je le vivais non comme une vitrine mais un service d’Eglise.

Paroles qui blessent et sensation de mise à l’écart.

Pourtant, je ne me suis jamais caché depuis que je suis malade. Heureusement des chrétiens ont réagi et pris position.

Sur la commune, nous sommes acceptés dans notre globalité et non pas pour une facette de notre personnalité et faisons aussi bien partie de groupes d’animations culturels informatique que d’Eglise, où d’ailleurs, un peu « refroidi », je ne vais plus que de temps en temps.

 

Vivre l’amour au quotidien n’est pas l’apanage des gens « bien pensants ». C’est aussi la réalité de tout un chacun.

Etre témoin de l’Evangile est le devoir de tout chrétien et chrétien je le suis de par mon baptême, mon éducation et surtout de mon propre choix d’homme libre et créé à l’image de Dieu. Et ce Dieu, je ne veux pas le défigurer, mais il a « permis » que je sois différent dans ma sexualité. Alors ce ne sont pas quelques personnes qui me feront changer d’avis.

Etre soi-même dans la sérénité, sans exhibitionnisme, mais fermement convaincu que le Dieu qui m’aime comme un Père me demande aujourd’hui d’aimer l’autre comme moi-même.

L’épreuve du Sida m’a permis de dire et de vivre au grand jour ce que je suis.

Cette Eglise, j’en fais partie. Je ne la renie pas. Veut-elle encore de moi ? Est-elle prête à m’accueillir moi et ceux qui vivent une réalité similaire ?

Enfin, si je n’avais pas cru en l’Amour de Dieu, je ne serais plus là aujourd’hui, car apprendre que l’on est séropositif et que votre durée de vie est de 10 à 12 ans bouleverse tout et humainement, comment espérer contre toute espérance ?

Joël

 

 

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