Témoignage de Julien (et Bruno)
Je ne suis pas théologien, je n’ai reçu comme éducation religieuse que celle que reçoit un français catholique élevé dans une famille bourgeoise parisienne catholique depuis de nombreuses générations. Je suis catholique, pratiquant presque régulier, je dis à mon entourage et mes amis que « j’ai la foi ». Je suis en couple depuis 13 ans avec un autre homme, catholique également.
Nous faisons partie avec mon compagnon du groupe « Réflexion et Partage ». Grâce à cette initiative de quelques catholiques impliqués dans l’Eglise, nous avons eu un lieu pour parler de notre couple, de notre vie, avec des frères véritablement à l’écoute.
Certes, nous avons des amis prêtres et religieux avec lesquels nous pouvons échanger librement mais nous n’avons jamais réussi à avoir une existence de couple au sein d’une communauté paroissiale. Soit que nous soyons confrontés à un refus sans appel et tranchant de participer à des groupes paroissiaux « de couples » (parfois très peu empreint de fraternité dans sa forme autant que dans son fond), soit que l’accueil bienveillant se solde par un abandon par manque de temps ou difficulté de prévoir un dispositif spécifique. Dans tous les cas, la conclusion s’impose, nous ne pouvons pas participer à la vie de l’église pour les activités qu’elle propose aux couples.
Nous avons donc fini par créer notre propre groupe de couples catholiques (qui se trouvent aussi être des couples formés de personnes de même sexe).
Ce groupe de 6 couples se réunit tous les mois depuis deux ans pour réfléchir autour de la question de la fécondité du couple. De temps en temps, nous invitons une personne extérieure par exemple Claude Besson, 1 prêtre de notre paroisse, 1 diacre et son épouse, un couple ayant une famille nombreuse…
Ce groupe a été pour nous et pour notre foi une bouée de sauvetage indispensable pendant l’année troublée dans l’Eglise de France autour du débat sur le « mariage pour tous ». Nous y avons vécu des moments de fraternité rares.
Nous espérons qu’il sera bientôt devenu inutile, le jour où nous pourrons, chacun dans nos paroisses, être accueillis comme des couples à part entière avec leurs questions, leurs espoirs, leur participation fructueuse à la vie de la paroisse et à la réflexion de la communauté sur l’amour et la fécondité.
La question de la fécondité du couple et de chaque membre de ce couple se pose à tout couple, et particulièrement à tout couple catholique.
Cependant, le couple homosexuel catholique a, je crois, une expérience particulière que la communauté chrétienne gagnerait à interroger et à écouter. Le rapport aux enfants, à la transmission, à la paternité spirituelle se pose de façon incisive aux couples homosexuels catholiques.
Julien et Bruno