Dans le cadre de la préparation au Synode de la famille, nous vous proposons un nouveau témoignage ci-dessous, celui d’une femme célibataire.
Comment vous dire ?
Que nous ne choisissons pas… notre orientation affective.
Que, pour ma part, je l’ai subie de si longues années, jusqu’au vertige, le désir d’en finir… Rongée par l’angoisse, la honte…
Parce-que je ne pouvais m’ouvrir de ces tourments diffus à quiconque, issue d’un milieu « bourgeois » et proche d’amis très croyants.
J’ai pensé trouver refuge dans la foi, un cheminement spirituel, auprès d’une communauté nouvelle. Il me fallait alors nier ce que je portais en moi.
Un responsable religieux a même évoqué « le démon de l’homosexualité »… Les prières de « délivrance » (…) ont échoué… Elles auraient pu m’anéantir.
Je remercie un psychiatre chrétien qui m’a aidée à me reconnaître, avec respect et inconditionnellement. J’avais alors 35 ans…
Libération tant attendue ! Puis, une autre réalité qui s’ouvre. Tant d’obstacles… Des prises de conscience, rudes. Aujourd’hui, je ne suis plus inquiète cependant de mon « identité ».
Mais…
Je n’ai pas trouvé ma place ; à 50 ans passés. Et je ressens un vide profond. Quasiment tous mes amis « catholiques pratiquants » se sont évanouis. A quelques-uns, je n’ai jamais « osé » dire !
Ma propre mère n’a jamais su… Mon père, décédé et que j’adorais, non plus. Pas de fratrie. Une longue et sourde dépression m’a empêché de poursuivre les études que j’avais choisies. J’ai « rompu » des liens qui m’importaient avec mes proches cousins, persuadée qu’ils me rejetteraient…
Il me semble encore n’être de nulle part
Ne me retrouvant pas dans la communauté dite lesbienne(*) et ne sachant toujours pas comment me comporter en société. Récemment, les débats ou plutôt les débordements autour du « mariage pour tous » (qui n’est pas mon combat) m’ont renvoyé en plein cœur l’intolérance, le mépris (voir la haine) de certains… Les propos d’un ami aux prises de position assez radicales, catholique fervent, m’ont infiniment blessée ; il n’a jamais répondu à la question que je lui ai posée : me respectes-tu ?
Comment vous traduire… cette « errance » ; pas seulement la mienne mais celle qui est le lot de tant de femmes, d’hommes… que l’on exclut, met à part ? J’ai croisé tant d’êtres inachevés (ne s’autorisant pas à Exister à part entière), pétris de culpabilité, incapables de s’attacher, d’oser aimer alors qu’ils renfermaient de vraies richesses.
Tout comme M(**) qui croit détenir la vérité, et exige de ceux qui « ne sont pas dans le droit chemin » qu’ils se convertissent pour être dignes d’entrer dans une église…, avez-vous seulement cherché à comprendre ? Déjà, amorcer un dialogue ? Non pas avec condescendance, mais d’égal à égal ? Pensez-vous juste de nous condamner sans appel, nous « réduire » à notre particularité identitaire ?
Pour conserver une lueur d’Espérance, je veux continuer de croire que Dieu est Amour, pour chacun de nous, au fond de chaque cœur, inconditionnellement.
Aline
(*)
Il y a eu de belles rencontres sur ce chemin escarpé et il en est encore ; elles sont précieuses. L’affection familiale retrouvée, les moments d’amitié partagés sont autant de bonheurs simples et inestimables à la fois.
(**) dont les prises de position parfois outrancières s’originent le plus souvent dans le manque de tolérance. La provocation répond (mal) au jugement, au mépris…