Chemin d’Emmaüs dans le diocèse de Nanterre

Récit d’une initiative pastorale de grande qualité.
Près de 80 personnes se sont retrouvées le Dimanche 30 juin 2013 à Ville d’Avray (92) pour le 2iéme chemin d’Emmaüs, pèlerinage d’un jour, ouvert à tous, et particulièrement aux personnes directement ou indirectement concernées par l’homosexualité. Une initiative diocésaine proposée par Mgr Gérard Daucourt, Évêque de Nanterre.

emmaussite2Dès le démarrage, ce dernier donne le ton. Il nous rappelle que,  quelle que soit notre orientation sexuelle, nous sommes avant tout fils et filles de Dieu et c’est là le cœur de notre identité chrétienne. Probablement que nous ne sommes pas tous d’accord entre nous sur le sujet de l’homosexualité, mais nous sommes ensemble pour nous écouter, dialoguer et non pas chercher à convaincre l’autre à nos idées.

L’organisation est simple : après un temps de prière pour démarrer la marche et nous mettre ensemble sous le signe de l’Esprit, nous rejoignons la forêt à notre rythme. Déjà, les échanges vont bon train et nous faisons connaissance les uns avec les autres. Puis, nous nous arrêtons pour un partage de la Parole en petits groupes autour de l’Evangile du jour. Dans mon groupe, des parents témoignent de leur cheminement : un dimanche matin, lors d’un petit déjeuner, un de leur fils leur annonce son homosexualité. Et dans un premier temps, c’est le coup de massue. Mais l’amour de leur fils est plus fort que tout et aujourd’hui, ils l’accueillent avec leur compagnon. Si leur accueil est réel, il n’en est pas de même pour toute la famille. Un autre de leur fils refuse pour l’instant d’accueillir son frère.

La marche reprend et les échanges entamés se poursuivent. Je continue l’échange commencé avec les parents. Lors d’un récent déjeuner avec leur fils qui refuse d’accueillir son frère, ils me racontent que leur petit fils interpelle son père : « Papa, tu devrais parler avec ton frère ». Les grands-parents sont émerveillés du bon sens de leur petit fils.
Probablement que chaque participant à cette marche pourrait raconter ainsi des récits de vie et des perles recueillies au long de cette journée.
emmaussite3Pourtant, il est clair que tous les participants n’en sont pas au même niveau de compréhension. L’échange en grand groupe après le pique-nique en est le révélateur. C’est le temps central de ce chemin d’Emmaüs. Des questions écrites sont posées à Mgr Daucourt. Le dialogue se fait dans le respect et l’écoute de la parole de l’autre : « l’homosexualité est-elle un choix ? » – « Les paroles du catéchisme blessent profondément les personnes homosexuelles en parlant d’actes intrinsèquement désordonnés, comment peut-on changer les choses ? » – « Comment envisager une pastorale pour les personnes homosexuelles ? ». Ce ne sont que quelques-unes des nombreuses questions évoquées. Le Père Daucourt donne des éléments de réponse mais invite également chacune et chacun à prendre la parole. Quelques rappels essentiels sont exprimés : Non, l’homosexualité n’est pas un choix – le catéchisme est ce qu’il est mais on n’accompagne pas quelqu’un avec les paroles du catéchisme, même s’il faut les entendre. Ce qui est essentiel, c’est la manière dont les personnes essaient de vivre l’Evangile – Quand certains condamnent l’homosexualité en allant chercher des paroles de la Bible, il faut les inviter à vraiment lire et regarder les textes et les remettre dans leur contexte. Il existe de nombreux livres d’exégètes qui peuvent nous aider à ce sujet. Il faut affirmer aujourd’hui qu’on ne peut en aucun cas prendre des versets de la Bible pour condamner l’homosexualité telle qu’elle est vécue aujourd’hui et avec ce que les sciences humaines nous ont appris sur ce sujet.

En conclusion, si l’on veut continuer et avancer sur l’accueil des personnes homosexuelles dans l’Église catholique, il faut faire évoluer les représentations mentales car beaucoup de catholiques considèrent encore les personnes homosexuelles comme des malades à guérir ou des pêcheurs à convertir. C’est par l’information, la réflexion, le dialogue sur le terrain, dans les paroisses, que petit à petit les préjugés tomberont. Il faut poursuivre ou renouer le dialogue comme nous y invite le dernier texte du Conseil Famille et Société paru en mai 2013 « Poursuivons le dialogue ».

Un temps de méditation sur  le thème « Dieu est amour » précédait l’Eucharistie qui clôturait cette journée : une Eucharistie très festive, joyeuse et profonde. A l’envoi, une carte était distribuée à tous les participants, sur laquelle était réalisée une magnifique aquarelle (frère Michel) avec en-dessous ces mots du frère Aloïs de Taizé : « Les ronces qui entravent notre marche alimentent un feu qui éclaire le chemin. »

Cette initiative pastorale permet à chacun de se rencontrer, de réfléchir, de dialoguer et de faire bouger, sans aucun doute, les représentations mentales qui envahissent encore nos esprits et nos cœurs. Ce genre d’initiative pourrait être mutualisé dans bien des diocèses de France. Merci à Mgr Daucourt et à toutes et tous ceux qui l’ont préparé et organisé.

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