Rencontre avec une section Nantaise de l’ACO sur le vécu des personnes homosexuelles

Récit de Yves Quentin

Yves (Réflexion et partage de Nantes) et Annette (David et Jonathan de Nantes) avaient été invités à participer à un débat,  à Rezé le 1er Juin 2013, avec une dizaine d’adhérent-e-s (sur le sujet du vécu des personnes homosexuelles), suivi d’un temps convivial.

Après une courte présentation, Yves a tout de suite voulu donner la parole aux participants se disant prêt à répondre aux questions des uns et des autres. Ceci a rapidement permis à quelques personnes d’exprimer une expérience douloureuse :

–          « J’ai une fille homosexuelle. Quand ma fille me l’a annoncé, je lui ai dit qu’elle était malade. J’ai très mal réagi. J’ai mis longtemps avant d’en parler autour de moi. C’est très difficile. Aujourd’hui elle est très heureuse. C’est ce qui est le plus important pour moi. J’ai rencontré d’autres couples homosexuels de ses amies et je me dis qu’elle n’est pas seule. J’aimerais aller dans une association de parents ». Je lui signale l’association « Contact ».

–          « Mon fils n’est plus là. Il s’est suicidé. Il était au chômage à l’époque, il y a 15 ans. Quand il m’a dit qu’il était homo, ça m’a fait un choc. Il m’a dit ‘’ Mais Maman, ce n’est pas une maladie !’’. Il n’a trouvé ni aide, ni soutien autour de lui. En équipe d’ACO, c’est la première fois que j’en parle ».

–          (Albert, prêtre) « Je suis prêtre depuis 14 ans. A l’époque on ne parlait pas d’homosexualité. Je n’ai jamais été à l’aise avec ça. Entre hommes, je trouvais ça répugnant. C’était différent pour les femmes. Le livre de Claude Besson, et tous les articles que j’ai lus depuis, m’ont aidé et peu à peu, ça s’est décanté. Ma nièce est homosexuelle. Au début je n’osais pas en parler avec ma sœur. J’ai évolué depuis quelques mois.

–          (l’animateur) « J’ai vu le film ‘’Les invisibles’’, et j’ai trouvé ça intéressant. J’ai compris leur souffrance. Je pense aussi aux gens qui ne connaissent l’homosexualité qu’à travers les provocations de la Gay Pride. Par ailleurs,  je regrette qu’au rassemblement de Diaconia à Lourdes, on ne leur ait pas donné la parole comme à tant d’autres exclus ».

–          « J’ai deux neveux homos et leur mère m’a dit : ‘’ Ca ne te dérange pas toi, en tant que catho ?’’. Je lui ai répondu que tous les catholiques ne sont pas dans la rue à manifester contre le mariage pour tous ».

–          Une participante, qui n’avait pas pris la parole lors du débat, a bien voulu me répondre à l’heure de l’apéritif. Elle m’a partagé sa gêne d’avoir appris tout récemment que sa fille, lycéenne en terminale, était lesbienne mais qu’elle sentait que sa fille était heureuse – sans doute parce que sa fille et son amie étaient bien acceptées par toute la famille.

Annette a fait remarquer que le langage utilisé pour parler des homos est soit agressif soit condescendant ; mais qu’il blesse le plus souvent.

Je suis intervenu plusieurs fois pour donner mon point de vue mesuré sur le mariage et l’adoption, insister sur la valeur identique de l’amour que se portent deux personnes de même sexe, recadrer l’image que les médias véhiculent sur les gay pride, rappeler que beaucoup de chrétiens sont favorables à un plus grand accueil des personnes homosexuelles, qu’il est possible d’être homos et heureux, homos et féconds pour la société. Il a enfin demandé à chacun-e d’être vigilant pour faire reculer l’homophobie dans l’Église comme dans la société ; homophobie qui touche autant les homos eux-mêmes, que leurs familles.

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