Une nécessaire interprétation

La Bible est toujours à réinterpréter en fonction de notre histoire, personnelle et collective. Nous sommes dans la relativité de l’histoire. Le message du Christ est, lui aussi, historiquement situé. Il est donc à réinterpréter à partir de notre actualité. Il n’est pas un message en soi, mais un message pour nous.

L’Église, elle-même, met en garde contre toute lecture fondamentaliste de la Bible. Le concile Vatican II nous le rappelle :
« (…) puisque Dieu, dans la Sainte Écriture, a parlé par des hommes, à la manière des hommes, il faut que l’interprète de la Sainte Écriture, pour voir clairement ce que Dieu lui-même a voulu nous communiquer, cherche avec attention ce que les hagiographes ont vraiment voulu dire et ce qu’il a plu à Dieu de faire passer par leurs paroles […]. Il faut en conséquence, que l’interprète cherche le sens que l’hagiographe, en des circonstances déterminées, dans les conditions de son temps et l’état de sa culture, employant les genres littéraires alors en usage, entendait exprimer et a, de fait, exprimé » (Dei Verbum n°12).[1]

Il faut être cohérent. Prenons quelques exemples. De longs passages des lettres de Saint Paul pourraient justifier l’esclavage aujourd’hui (Éphésiens 6,5-9 ; Colossiens 3,22-4,1 etc…). L’Église ne demande pas, non plus, aux chrétiens de s’arracher les yeux ou de se couper la main. Pourtant, les propres paroles de Jésus incitent à le faire : « Que si ton œil droit est une occasion de péché, arrache-le et jette le loin de toi […] Si ta main droite est une occasion de péché, coupe là » (Matthieu 5, 29-30). Le prêt sans intérêt, qui le pratique aujourd’hui ? Pourtant la Bible interdit l’intérêt (Exode 22,25 ; Ézéchiel 18,13). Pour le prophète Ézéchiel, l’intérêt est même une abomination. Et bien des personnes aujourd’hui utilisent ce mot d’abomination pour condamner l’homosexualité, car c’est ce même mot que l’on retrouve dans le Lévitique.

Nous voyons bien que nous interprétons, et à juste titre, bien des passages des Écritures. Il doit donc en être de même pour les passages et les versets qui ont trait à des relations sexuelles homogénitales.



[1] Concile oécumnéique Vatican II, éditions du centurion, 1967, p.134

Ce contenu a été publié dans Bible et homosexualité. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.