Témoignage à propos du Synode sur la Famille

Nous reproduisons ci-dessous l’extrait d’une lettre d’un chrétien engagé sans sa paroisse, envoyée à Monseigneur Jean-Paul James à propos du questionnaire pour le prochain synode sur la famille.

« Le sujet est grave… mais plutôt qu’un exposé général je voudrais simplement vous partager ma vision de la Famille en tant que chrétien homosexuel.
Comme tous mes ami.e.s homosexuel.le.s je connais la valeur de la famille et les craintes de voir disparaître ce « socle anthropologique ».
J’ai la chance d’avoir trois enfants (dont la dernière adoptée), d’avoir encore des parents avec qui je passe quatre jours par semaine pour leur permettre, malgré leur perte d’autonomie, de rester chez eux. A Noël, j’aurai la joie d’avoir mes trois enfants autour de moi, leur maman (avec qui j’ai gardé des liens chaleureux), mes deux petits enfants, mes deux sœurs et mes nièces. Un beau moment de solidarité familiale ! Qui a dit que les homos détruisaient la famille ?
Je ne vis pas en couple parce que mon ami de cœur vit très mal son homosexualité, surtout à cause du rejet dont il fait l’objet tant par sa famille que par sa paroisse dont il s’est peu à peu écarté. Je souffre de ce que l’Eglise semble préférer des homos honteux et culpabilisés (torturés par un appel à la continence qui ne leur semble pas naturel) plutôt que des couples stables et fidèles, qui pourraient contribuer positivement à l’Eglise et à la société.
Peu de chrétiens homosexuels ont la chance de vivre dans une paroisse aussi ouverte et bienveillante que la mienne. Il n’est certes pas anodin, qu’à la faveur d’une discussion sur le Mariage pour tous, tous les membres de l’EAP m’aient fait part de leur agacement envers les positions réductrices et caricaturales dont les personnes homosexuelles font régulièrement les frais dans des milieux chrétiens, y compris chez les clercs.
C’est une source de grande souffrance chez beaucoup de mes ami.e.s homosexuel.le.s de se voir soupçonner de perversion et de desseins destructeurs. Certains ont même eu la douleur de se voir refuser les sacrements (eucharistie, baptême pour leur enfant adopté). Ils en gardent une grande rancœur contre l’Eglise et finissent par s’éloigner tout à fait d’une institution qu’ils jugent trop rigides.
Il serait urgent que le Magistère revoie à nouveaux frais sa position dogmatique sur l’homosexualité (« intrinsèquement désordonnée » !) en lien avec la notion de « loi naturelle » difficilement compréhensible à notre époque et fort contestable. J’espère, pour ma part, que ce synode sera vraiment pastoral et missionnaire, à l’écoute des personnes ; qu’il trouvera les réponses et initiera les changements propres à stopper cette hémorragie des chrétiens homosexuels qui sont acculés à vivre ailleurs leurs besoins spirituels – ou à les oublier.

Yves

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