Situation « d’étrange ou d’étrangère »

Témoignage à l’occasion du Jubilé 2000

Troisième d’une fratrie de 7, j’ai reçu une éducation catholique avec une pratique régulière, des temps journaliers de prière en famille et des engagements effectifs au sein de divers mouvements : scoutisme – JIC – catéchèse…

Par leur vie et leur foi, mes parents m’ont appris à penser d’abord aux autres, à accueillir, aider et être vigilante aux soucis de l’autre.

Contrairement à certains de mes frères et sœurs, je ne me suis pas rebiffée. J’ai continué de tout cœur à pratiquer régulièrement avec des moments de foi et de doute répétés, tout en gardant au fond une confiance en Dieu.

J’ai toujours été dans des écoles religieuses de filles. Très timide, je ne savais par aborder les garçons… J’ai longtemps mis cette maladresse sur le compte de mon éducation jusqu’au jour, où il y a 10 ans, je posais le premier vrai JE de ma vie affective, c’est-à-dire tout quitter pour aller vivre avec une femme. Elle est au quotidien mon équilibre et ma joie, ma source et mon soutien, mon élan et mon amour.

Ensemble, nous avons partagé, accueilli et vécu de nombreuses célébrations, rencontres et engagements chrétiens (toujours dans une demi vérité).

Puis est venu pour moi le temps de prendre du recul par rapport à l’Eglise. Même si cette position est toujours dure pour moi, je préfère assumer cette souffrance plutôt que de « faire semblant ». Le manque d’accueil en vérité est lourd, jugeant et culpabilisant.

L’homosexualité ne se dit pas facilement et me met en situation « d’étrange ou d’étrangère » partout où je vis. Ma libre façon d’aimer ne peut s’exprimer dans la rue ou dans tout lieu public.

Pour moi, l’heure n’est plus à l’engagement. J’ai besoin d’une pause.

Au sein de mon travail qui demande un investissement particulier, j’essaie d’apporter aux enfants handicapés mentaux compréhension, apaisement, encouragement, stimulation et de leur donner une place.

Par ailleurs, je suis prête à mettre mon talent reçu au service des autres ou d’un mouvement pour essayer de mettre un peu de beau et de couleurs…pour aider à la réflexion…ou à tout autre besoin (panneau, décoration, dessins…).

Actuellement, je participe à 2 groupes de réflexion avec des laïcs (fraternité – H.L.M.) autour d’un thème, d’un texte d’évangile. Il est souvent impossible de dire vraiment sa vérité. Il y a toujours une part de moi-même qui reste dans l’ombre !

Heureusement que je garde contact avec un groupe d’amis concernés ou non par l’homosexualité et avec qui je peux exister telle que je suis.

Même si je reste éloignée d’une pratique régulière, je mesure l’importance de vivre des temps forts en Eglise ou des temps personnels qui viennent vivifier le quotidien.

Que l’Eglise, par ces quelques lignes, entende que le manque d’accueil au grand jour est une réelle souffrance.

 

Hélène – 44 ans

 

 

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