Le Conseil Famille et Société de la Conférence des Évêques de France a publié une note de travail en septembre 2012 pour donner des éléments de réflexion et participer au débat public.
Je trouve ce texte intéressant à plusieurs titres : tout d’abord dans le ton. Il n’est ni polémique, ni dogmatique. Il souligne le respect de tous les acteurs et invite à une écoute commune, une aptitude à comprendre les arguments exposés et une recherche de langage partagé (p.3) De plus, il signale des avancées importantes : entendre la demande des personnes homosexuelles : « la diversité des pratiques homosexuelles ne doit pas empêcher de prendre au sérieux les aspirations de celles et ceux qui souhaitent s’engager dans un lien stable » p.6. Il rappelle avec force le refus de l’homophobie p.5. Il parle de fécondité sociale : « Ce n’est pas parce que l’Eglise accorde un statut particulier à cette relation d’amour entre un homme et une femme, qu’elle n’accorde pas de valeur à d’autres relations d’amour et d’amitié » p.4
Bien d’autres points positifs seraient à souligner.
Cependant, des affirmations exprimées dans ce texte posent question : différence des sexes occultée p.4. Cette affirmation est incompréhensible pour des personnes homosexuelles, car précisément leur désir amoureux et sexuel tourné vers les personnes du même sexe souligne au contraire la différence des sexes. S’il y avait indifférenciation des sexes, il n’y aurait sans doute pas de personnes homosexuelles.
Autre point qui fait sérieusement problème : c’est cette phrase de la page 8 : « Ce qui confére au mariage sa haute valeur symbolique, c’est donc cet engagement de toute une vie… ». C’est bien ce que souhaite bon nombre de personnes homosexuelles, l’engagement de toute une vie. Et les couples homosexuels qui sont engagés dans un lien durable depuis 10, 20, 30 ou 40 ans signifient très concrètement cet engagement durable de toute une vie. Alors pourquoi nier cette réalité vécue pour les couples de même sexe.
Au-delà, des aspects positifs et négatifs, ce texte mérite d’être étudié et approfondi. Il est regrettable qu’il ait été passé pratiquement sous silence lors des débats autour du projet de loi ouvrant le mariage aux personnes de même sexe et notamment par un certain nombre de responsables d’Eglise. Il aurait probablement évité tous les dérapages qui ont blessé pour longtemps des personnes homosexuelles et leurs familles.