De la blessure acceptée à la fécondité

Témoignage lors d’une conférence à propos du Synode de la Famille en 2015.

Il y a bien des années j’avais noté ces deux phrases de Madeleine Delbrel : « Dans notre vie, nous  sommes confrontés à des situations, à des événements que nous n’avons pas choisis, qui sont souvent des sources de souffrances, surtout quand leurs effets nous accompagnent tout au long de notre existence. Ils ne deviennent féconds que lorsque nous cessons de les refuser et lorsque nous voulons bien les reconnaître comme faisant partie de nous-mêmes, les porter comme une blessure acceptée qui mystérieusement se révèle bienfaisante ».

Je ne me doutais pas qu’un jour ce petit texte nous aiderait (mon mari et moi-même à vivre la situation de parents d’un fils homosexuel.

Situation, événements que nous n’avons pas choisis»(pas plus que notre fils ait choisi son homosexualité) auxquels aucun parent n’est préparé pour la bonne raison qu’ils n’effleurent pas l’esprit, qui ne nous atteignent pas donc qu’ils ne sont pas imaginables ; mais qui secouent toute une famille comme un séisme(n’ayons pas peur des mots).

« Source de souffrances dont les effets nous accompagnent tout au long de notre existence ». Oui pour ceux qui dans notre entourage « savent », nous devenons des « parents pas comme les autres » nous heurtant bien souvent à l’incompréhension, pire la condescendance ou la pitié. Et les  commentaires, les réflexions, les plaisanteries de notre société à ce sujet sont comme des brulures qui peuvent faire très mal car c’est nous atteindre dans celui qui fait partie de nous-mêmes, c’est-à-dire,  notre enfant. Nous les connaissons et nous les connaîtrons encore, ne nous faisons pas d’illusions.

Cette situation devient féconde lorsque nous cessons de la refuser, que nous la portons comme une blessure acceptée, qui mystérieusement se révèle bienfaisante ».
Féconde, bienfaisante, c’est-à-dire,  devenant source de grâces :

Source de Grâces pour « accepter de ne pas comprendre »…ne pas comprendre cette différence et une telle différence entre nous, parents, et notre propre enfant, la chair de notre chair. Et « accepter de ne pas comprendre », c’est se défaire des préjugés et s’ouvrir à l’accueil dans toute l’acception du terme, à la reconnaissance de l’autre avec ses richesses qui lui sont propres et dont l’Eglise a besoin.

Source de Grâces pour apprendre à découvrir que l’amour entre deux êtres de même sexe, leur fidélité dans l’engagement peuvent passer par d’autres voies que les nôtres et qu’elles sont à respecter.

Source de Grâces qui chaque jour nous mènent à approfondir l’Amour insondable du Seigneur pour toutes ses créatures si différentes les unes des autres.

L’homosexualité de notre fils a transformé nos regards, nos mentalités, nous a révélé une autre dimension de l’amour, une dimension inconnue.

Puissent tous les parents concernés par cette situation difficile vivre cette profonde conversion. Elle prend du temps mais elle est source de Paix.

Marie-Pierre
Centre Sèvres le 26 Septembre 2015

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