Méditation à propos des « Manifs pour tous »

En ces temps de tohu-bohu suscité par « les manifs pour tous », je relisais l’évangile du Jugement Dernier (Mathieu 25, 31-46). J’imaginais le regard de Jésus porté sur cette foule en marche. Il ne la séparait pas  » comme les bergers séparent les brebis d’avec les chèvres ». Non, elle se séparait d’elle-même sans le savoir. Mais Lui, le Seigneur savait, car il juge les intentions et les pensées du cœur de chacun. Aucune créature n’échappe à ses yeux.
Il y avait ceux qui défilaient en paix avec leur conscience. Ils s’opposaient viscéralement au projet de loi, à la déconstruction de la famille, aux manipulations génétiques et commerciales du « droit à l’enfant ». Certains étaient venus de très loin pour l’exprimer par leur présence physique. Mais pas l’ombre d’homophobie dans les convictions qui les animaient. Ils se réjouissaient même que des hommes et des femmes affichant leur homosexualité défilent à leur côté. Ils respectaient leur nature et les conséquences sur leur vie affective et sexuelle. Le Seigneur n’oublierait pas leur attitude : « En vérité, en vérité, je vous le dis. Dans la mesure où vous l’avez  fait envers l’un des plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ».
Il voyait aussi les autres manifestants aussi déterminés que les premiers pour s’opposer à la loi, même comportement bon enfant, même calme souriant. Mais Lui qui pénètres les cœurs profondeurs de l’âme jusqu’aux jointures et jusqu’aux moelles, lisait leur répulsion pour les « homos ».
Cette manif était une aubaine pour exprimer le rejet de cette communauté  « marginale, voire dépravée ». Et leur bienveillance officiellement affichée masquait une condamnation sans appel. À ceux-là Jésus dirait un jour :
« J’étais malade de ne pas être comme les autres, honteux de ce que je ressentais. Je tremblais d’angoisse d’expliquer à ceux que j’aime mon homosexualité Vous n’avez rien fait pour me  sortir de ma solitude, de mon errance. Alors j’ai préféré disparaître avant d’être tué par votre répulsion.

« J’avais faim de la reconnaissance des autres, essentielle pour s’aimer soi-même. Je demandais d’être reconnu pour ce que je suis, simplement. Mais mon homosexualité pesait toujours plus lourd que mes dons, mon intelligence. Vous m’avez refusé la place que je méritais. »
« J’étais prisonnier des préjugés moraux, des commentaires sarcastiques, et dégradants et vous m’avez humilié, craché dessus. »
« J’avais faim d’invitation, d’accueil sans arrière-pensée, de considération. Votre porte est restée fermée.
« J’avais soif d’écoute pour vous expliquer cette nature avec laquelle je suis né, avec laquelle je dois vivre ; vous dire d’accepter mon droit au bonheur comme tout un chacun. Vous n’avez rien voulu entendre  »

« En vérité, en vérité, je vous le dis si vous ne l’avez pas fait à l’un de ces petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait ».
Marie-Pierre Turquet

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