La République, plus maternelle que l’Église…

Et voilà : le synode sur la famille est fini. Il n’en sort pas grand-chose, mais tant de questions ont été soulevées, à Rome et dans l’opinion publique, que la voie est ouverte pour de vrais changements. L’année de la Miséricorde va s’ouvrir et notre pape nous a dit : « l’Église est une mère, elle n’est pas une association rigide ».

Parmi les enfants de l’Église catholique, il y a des homosexuels. Ils ont souffert longtemps du rejet et des anathèmes. Mais à présent, on nous dit que les homosexuels sont des personnes qui doivent être respectées, reconnues, et même accompagnées. L’Esprit Saint a inspiré à l’Église de remplacer l’homophobie par la fraternité.

Cependant, cette insistance sur les personnes révèle que le discours magistériel s’obstine à méconnaître les couples. Pour le synode 2015, le couple homosexuel n’existe toujours pas, alors que la vie en couple est, au dire même de l’Église, le meilleur moyen de donner aux personnes le bonheur, la fidélité et la fécondité.  Au contraire, la solitude les expose à vivre dans la frustration ou à rechercher le bonheur dans des aventures qui parfois sont  réellement « désordonnées ».

Il est difficile d’expliquer ce paradoxe autrement que par une incapacité persistante à admettre que l’homosexualité n’est pas une malchance, mais seulement un fait de l’existence qu’il faut accepter en tant que tel. Un site internet destiné à éviter aux jeunes homosexuels la déviance ou le suicide se nomme tout simplement : « C’est comme ça ».

Pour ces hommes et ces femmes que le discours de l’Église considère encore avec un peu de commisération et de méfiance, il est triste de constater que la République se montre plus maternelle que l’Église. La République a d’abord voté des lois contre la discrimination et créé la H.A.L.D.E., une institution protectrice. Elle a écouté l’attente des couples de même sexe qui désiraient s’unir officiellement afin de vivre une union stable et parfois d’élever des enfants. Elle a voulu les protéger avec le PACS. Et, depuis 2013, le mariage a solennisé cette reconnaissance, donnant aux conjoints des droits complets et une respectabilité incontestable. Des milliers de mariages ont ainsi été célébrés dans de nombreux pays, accordant des droits indispensables pour la solidarité et l’assistance mutuelle des conjoints.

Auprès de l’Église, les couples de même sexe trouvent au mieux la tolérance et la miséricorde ; à la mairie, ils sont reçus dans les honneurs, ils reçoivent un livret de famille, ils trouvent les moyens légaux de se défendre dans l’adversité.

Gardons cependant l’espérance, puisque l’Église protestante unie (E.P.U.), qui se recommande du même Évangile et des mêmes valeurs que l’Église catholique, a décidé de bénir les couples de même sexe. Son exemple, trop absent des débats synodaux, aura peut-être une influence à travers l’œcuménisme. Mais il faudra encore beaucoup de patience, et pendant que l’Église fait attendre ses enfants, il y en a toujours qui s’éloignent et se tournent ailleurs.
Ph. Chabanon (Yonne)
29 octobre 2015

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